L’enclave dans les mondes anglophones
Bordeaux, 11-12 Mars 2016
Colloque international de jeunes chercheurs – Culture et Littérature des Mondes Anglophones (CLIMAS) EA 4196, Université Bordeaux Montaigne
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Une enclave est un territoire entouré de terres appartenant à un autre propriétaire. C’est un territoire difficile d’accès dont les lois morales ou sociales sont différentes de celles du territoire qui l’isole. « Enclaver » vient du bas latin « fermer à clef ». Cette étymologie évoque un accès à l’enclave possible, mais très fortement restreint. Ainsi l’enclave fournit à la fois sa condition totalement hermétique et les possibilités d’ouvertures. De par son isolement du reste du monde, l’enclave est donc le théâtre privilégié de phénomènes particuliers qui peut-être n’existent que dans ce territoire circonscrit.
Lorsque le caractère hermétique de l’enclave est exacerbé, que le monde qui l’entoure ne peut avoir d’influence sur elle, elle peut être considérée comme alternative absolue à celui-ci. Ainsi, l’enclave devient le lieu de tous les fantasmes, de toutes les exagérations. Puisqu’elle est à part, scellée, l’enclave peut servir de lieu d’expérimentation — cité radieuse ou laboratoire du pire — utopie ou contre-utopie. En tout cas, par son isolement, l’enclave a pu prétendre donner la possibilité d’un nouveau départ. Cependant, se réfugier dans une enclave utopique revient-il à fuir ou à résister ? Derrière cette question se pose une autre problématique profondément spécifique à l’enclave : l’enclave est-elle un non-lieu, un lieu à part, un lieu à part entière ? Quelle relation lie l’enclave et le territoire qui l’entoure ? Faire cas de l’enclave, prendre en compte une minorité qui tient sa force de son opposition à la majorité qui l’entoure, c’est reconnaître un territoire dont l’intégration dans un ensemble plus grand est problématique.
Ainsi, l’enclave questionne les notions d’intégration et de rejet, notamment si l’on considère les enclaves ethniques qui, parce qu’elles ne sont pas seulement géopolitiques, mais aussi sociales, ont des frontières mouvantes qui articulent de manière complexe ces notions contradictoires.
Nous avons vu que l’enclave crée un décalage entre intérieur et extérieur, et donc la possibilité d’un contraste qui permet de magnifier certains aspects par comparaison. L’enclave pourrait aussi agir en miroir grossissant. Un paradoxe s’amorce donc : l’enclave est-elle le lieu de la différence absolue, ou ne fait-elle que reproduire, mais de manière plus fine, plus claire, les phénomènes sociétaux de l’extérieur, les exacerbant en lissant la surface d’une réalité de l’extérieur beaucoup trop complexe pour être représentée ? L’enclave n’amène pas qu’une rupture territoriale, mais surtout un réseau de relations complexes avec ce qui l’entoure. Est-elle un outil de représentation de prédilection ou au contraire un lieu difficile à cartographier à cause de son hermétisme ? Est-elle un refuge ou une prison ? Que nous dit-elle sur le concept même de frontière et d’appartenance ? Comment cultive-t-elle son statut d’exception et revendique-t-elle son statut de territoire mineur dans un monde plus large et uni ? Ce sont ces motifs géopolitiques, ontologiques, et esthétiques de l’enclave qu’il s’agira d’explorer lors de ce colloque.
Pistes d’étude
En civilisation : enclaves ethniques, réserves et camps de concentration, sociétés transcendantalistes ; en littérature : l’enclave dans le roman d’aventure/mondes perdus, l’expérience esthétique comme enclave ; en linguistique : spécificités morphologiques, syntaxiques, morphologiques des dialectes, les espaces mentaux
Nous étudierons les propositions de communications en français et en anglais de doctorants et jeunes chercheurs de toutes les disciplines de l’anglistique. Les communications porteront sur l’enclave dans les mondes anglophones. Certaines d’entre elles seront sélectionnées pour être publiées dans Leaves : A Journal, la revue en ligne de l’équipe CLIMAS.
Merci d’adresser les propositions (environ 3000 signes) accompagnées d’un court CV à
Comité organisateur :
Remy Arab-Fuentes (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne), Isabelle Gras (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne), James Perosi-Doughty (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne).
The Enclave in the Anglophone World
International Young Researchers’ Conference – Cultures et littératures du monde anglo-saxon(CLIMAS) EA 4196, Université Bordeaux Montaigne
Bordeaux, March 11th - 12th 2016
An enclave is a portion of territory within or surrounded by a larger territory belonging to someone else. Access to this territory is difficult due to moral or social laws being different from those of the territory which it is isolated from. “Enclave” comes from the Latin root “to lock with a key.” This etymology conveys the idea that access is possible, albeit extremely restricted. Thus, the enclave provides its totally hermetic condition while simultaneously allowing for possibilities to enter. By virtue of its isolation from the rest of the world, the enclave is thus the privileged venue for particular phenomena that may only exist in this confined territory.
When the hermetic character of the enclave is exacerbated, whether or not the surrounding world has any influence on it, it is still possible to consider it an absolute alternative to the outside world. Thus, the enclave becomes the place for all fantasies; for all exaggerations. Since it is separated, sealed off, the enclave can serve as a place for experimentation — the radiant city or the laboratory of horrors; a utopia or dystopia. In any case, thanks to its isolation, the enclave has been able to claim the possibility of providing a new start. However, finding refuge in a utopian enclave brings up the question of escape or resistance. Behind this question lies another profound problem specific to the enclave: is the enclave a place in its own right, a removed place or a non-place? What relation links the enclave and the surrounding territory? Making a case of the enclave, taking into consideration a minority which takes its strength from opposing the surrounding majority is to acknowledge a territory in which its integration to a larger whole is problematic. Thus, the Enclave questions the notions of integration and rejection, especially if we consider ethnic enclaves which, due not only to their geopolitical but their social nature as well, have fluid borders which articulate these contradictory notions in a complicated way.
We have seen that enclaves create a gap between interior and exterior, and thus the possibility of a contrast which allows for magnifying certain aspects by comparison. The Enclave thus could act as a magnifying mirror. A paradox thus appears: is the Enclave the space of absolute difference, or does it simply reproduce societal phenomena in a finer and clearer manner, exacerbating these phenomena by smoothing out the surface of an exterior reality which is far too complex to be represented? The enclave does not only just bring about territorial ruptures, but above all it brings about a network of complex relations with its surroundings. Is it a privileged tool for representation or, on the contrary, a difficult place to chart due to its hermetic nature? Is it a refuge or a prison? What does it actually tell us on the concept of borders and affiliations? How does it develop its status of exception and claim its status as a minor territory in a larger and more united world? These geopolitical, ontological, and esthetic motifs of the enclave are what will be explored and developed at this conference.
Fields of Study :
Civilization: ethnic enclaves, reservations and concentration camps, transcendentalist societies; literature: enclaves in the adventure novel/lost worlds, esthetic experience as enclaves, linguistics: morphological and syntactical specificities, morphological specificities of dialects, mental spaces
We will consider the proposals in French and English from doctoral students and young researchers from all disciplines of English studies. Talks will discuss enclaves in the Anglophone world. Certain proposals will be selected to be published in Leaves: A Journal, Climas’s online review.
Please send all propositions (around 3000 signs including punctuation marks) along with a short CV to:
Organizing Committee
Remy Arab-Fuentes (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne), Isabelle Gras (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne), James Perosi-Doughty (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne).