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Lieu: Bordeaux.
Date: jeudi 13 – vendredi 14 octobre 2016.
Aires linguistiques et culturelles : francophone, anglophone et hispanophone, mais les organisateurs accepteront également les propositions concernant d'autres aires linguistiques.
Langues du colloque : anglais et français.
La traduction de la bande dessinée suscite, depuis quelque temps, l’intérêt des chercheurs. Tandis qu’il existait déjà des travaux universitaires dispersés portant sur la traduction de la bande dessinée, voire des ouvrages consacrés à un corpus spécifique (Le tour du monde d’Astérix, édité par Bertrand Richet, par exemple), l’ouvrage pionnier de Federico Zanettin, Comics in Translation (2008), ou encore le récent volume de la revue en ligne New Readings consacré à Comics and Translation (2015), constituent des étapes importantes dans la légitimation et la promotion de ce nouveau champ d’étude ainsi que dans son appropriation par des chercheurs issus d’horizons divers et se situant par nécessité à la croisée des études traductologiques et des cultural studies.
Comme son titre l’indique, ce colloque a pour ambition de situer le traducteur ou la traductrice de bande dessinée eux-mêmes au cœur de la réflexion, leur donnant une visibilité qui paraît leur faire plus encore défaut qu’à leurs collègues spécialistes d’autres genres ou d’autres supports.
Le pluriel même du titre de ce colloque constitue, par ailleurs, une invitation à réfléchir sur la diversité des pratiques qu’on peut observer dans ce secteur d’activité, où se côtoient professionnels et amateurs, partisans de la signature unique et adeptes de la traduction collective, voire franc-tireurs à la limite de « l’acceptable » : que dire de Ted White, editor à la fin des années 70 du magazine Heavy Metal, qui publiait et traduisait (lui-même) des bandes dessinées françaises issues de Pilote et Métal Hurlant sans connaître un mot de français ? Faut-il « condamner » une telle pratique ou y voir une stratégie marginale porteuse d’une certaine légitimité ?
L’explosion des pratiques de « fantrad », ou scanlation, notamment dans le domaine de la production japonaise, ou certains dispositifs alternatifs (tel celui mis en place par Lili Sztajn et Jean-Luc Fromental pour Gemma Bovery ou encore les traductions collégiales des livres de Craig Thompson) sont autant d’entreprises qui pourront faire l’objet d’enquêtes approfondies.
La question de la collaboration s’avère d’autant plus cruciale, dans le champ considéré, que le corpus à traduire se donne d’emblée comme un objet multimodal qui met en jeu des interactions entre le verbal et le pictural telles que l’on peut penser que le traducteur de bande dessinée traduit de l’image autant que du texte. Il y aurait ainsi, pour le traducteur de bande dessinée, une assignation originelle à traduire deux langages à la fois, inscrivant d’emblée la multiplicité au cœur de son activité et de son identité de traducteur. Le cas d’une traduction contre le texte d’origine comme celle de The Red Diary/The Re[a]d Diary de Teddy Kristiansen parSteven T. Seagle aux États-Unis, donne la mesure de cette multiplicité.
Comme dans d’autres secteurs de la traduction et des études traductologiques, la collaboration entre l'auteur et son traducteur constitue un sujet de réflexion en soi et invite à reconsidérer la notion d’autorité en traduction. Jonathan Vankin dit ainsi avoir supervisé les traductions de son travail bilingue dans Vertigo Pop ! Tokyo. Quels protocoles sont alors mis en place et en quoi les modalités pratiques de la traduction influencent-elles la nature du travail final ? L'éditeur et l'adaptateur graphique peuvent également avoir un rôle déterminant dans le processus du travail de traduction, même s’ils restent bien souvent invisibles, et leur contribution spécifique pourra ainsi être examinée dans le cadre de ce colloque, en prenant en compte les spécificités nationales des structures éditoriales.
Ce colloque invitera aussi à se pencher sur le travail d'auteurs bilingues, jonglant dans leur œuvre même entre les langues (cf. Posy Simmonds dans Gemma Bovery), et à l’incidence de cette hétéroglossie sur le travail de traduction.
Enfin, la bande dessinée étant un secteur éditorial aux multiples facettes, on pourra s’interroger sur la spécialisation des traducteurs qui y sont actifs. Les traducteurs de bande dessinée sont-ils hyper-spécialisés ? Le traducteur de bande dessinée est-il avant tout un traducteur ou un lecteur/connaisseur de bande dessinée ? Comment se forme-t-il ? Ceux qui traduisent pour la jeunesse sont-ils les mêmes que ceux qui traduisent pour le rayon adulte ?
Les propositions de communications orales de 20 minutes, sous forme de résumé de 300 mots accompagné d’un CV de 50 mots doivent être communiquées d’ici le 1er mars 2016 aux organisateurs :
Il sera accusé réception de tous les envois.
“Translators of comics”, CLIMAS symposium
Location: Bordeaux.
Date: Thursday 13th – Friday 14th October 2016.
Main cultural and linguistic areas: French, English and Spanish, but the organizers welcome papers on other linguistic areas as well.
Conference languages: English and French.
In recent years, the translation of comic books seems to have gained new prominence in the field of academic research. While there existed a number of works dealing with comics translation, including books devoted to specific bodies of texts (such as Le tour du monde d'Astérix, edited by Bertrand Richet), Federico Zanettin's seminal Comics in Translation (2008) or, more recently, the “Comics and Translation” issue of New Readings (2015) have constituted major steps in the promotion and legitimization of this new academic field, and in its appropriation by researchers hailing from diverse backgrounds, widely distributed between translation studies and cultural studies.
As its title indicates, this symposium seeks to situate the translators of comics at the heart of the discussion, thereby endowing them with the visibility they, even more than their colleagues who specialize in other genres or media, seem to lack.
The use of the plural in the title should be taken as an invitation to reflect upon the diversity of practices observable in this field, where the qualified professional rubs shoulders with the amateur, the champion of single-handed work with the proponent of collective translation, while the occasional maverick might, in certain cases, be something of a fraud: what, indeed, of the extreme case represented by Ted White, the editor of American magazine Heavy Metal at the end of the 1970s, who translated and published strips taken from French publications Pilote or Métal Hurlant without speaking a single word of French? Should this practice be condemned, or considered as marginal yet legitimate?
The growing importance of “fan trad” or “scanlation”, especially in the field of Japanese production (manga), or of atypical practices (such as those which were adopted by French translators Lili Sztajn and Jean-Luc Fromental for Gemma Bovery, or by the team that deals with the French translations of Craig Thompson's graphic novels) are indeed original treatments of translation calling for in-depth inquiry.
In the field under scrutiny, the issue of collaboration seems all the more crucial as the corpus being translated is to be read first and foremost as a multimodal object actuating interplays between the verbal and the pictorial, so that comics translators do not merely translate words, but also images. Therefore, said translators may be viewed as bound to translate two languages at once, therefore inscribing multiplicity at the core of their work as well as of their identity as translators. The specific case of a translation which was done against that of the original text, as in Steven T. Seagle's American adaptation of Teddy Kristiansen's The Red Diary/the Re[a]d Diary, serves as a high watermark for such multiplicity.
As in other sectors of translation and translation studies, the collaboration between author and translator is in itself worth studying, and invites one to reconsider the issue of authority in the field of translation. Jonathan Vankin claims to have supervised the various translations of the bilingual work he produced in Vertigo Pop! Tokyo. What are the protocols involved in such a case, and to what extent do the practical modalities of translation influence the nature of the end product? The publisher and the graphic adaptator can also play a major role in the translation process, although they tend to remain invisible; their specific contribution could therefore be examined in the context of this symposium, while taking into account the national specificities of editorial structures.
In addition, this symposium invites speakers to address the works of bilingual authors, who already alternate between languages in the original versions of their works (e.g. Posy Simmonds's Gemma Bovery), and consider the impact of heteroglossia on the translation process.
Finally, comics being a multifaceted publishing sector, it will be essential to evaluate the degree of specialization required of translators working within its boundaries. Are comics translators over-specialized? What training have they received? Should their translating skills prevail, or do they also (or above all) need to be readers and experts of comics? Are children's comics and adult comics translated by the same people?
We will welcome proposals for 20-minute papers dealing with these topics. Please email 300-word abstracts and 50-word bios by March 1, 2016 to:
All submissions will be acknowledged.