CFP - L’abondance et le manque/Abundance and scarcity - 17-18 février 2022

Apple Blossoms Spring

L’abondance et le manque

Colloque international de jeunes chercheurs-Culture et Littérature des Mondes Anglophones (CLIMAS)

Université Bordeaux Montaigne, 17-18 février 2022

 

[English below]

 

(ill.: Apple Blossoms (Spring), John Everett Millais, 1856-59, Oil on Canvas, 110.5 x 172.7 cm)

Abondance et manque se posent comme des états opposés et sont pourtant tous deux contraires de l’équilibre, de l’harmonie, du neutre. La recherche ou la fuite d’une de ces deux extrémités met en jeu notre rapport aux ressources, au besoin et au désir, et nous invite à réfléchir à la question de la valeur, de la norme, et de l’excès. D’abord une question de survie fondamentale, notre rapport à l’abondance et au manque peut s’observer dans l'organisation de nos sociétés, de la langue, mais aussi dans nos recherches d’une esthétique et d’une expression.

D’un point de vue civilisationnel, les notions d’abondance et de manque évoquent la question des ressources, du marché, et du consumérisme. « L’ère de l’abondance » que nous vivons est marquée par l’abondance d’objets de consommation mais aussi d’informations. Dans le cadre de la consommation ostentatoire, l’abondance de richesses est mobilisée pour accumuler du capital culturel. Parmi les ressources qui peuvent être abondantes ou manquantes, la nourriture est un exemple qui interroge l’ambivalence de l’abondance. Si les festins peuvent jouer un rôle positif de renforcement du lien social et du prestige de l’hôte, la surabondance actuelle des nourritures industrielles transformées a des effets pervers sur la santé des consommateurs y compris les plus précaires. L’abondance peut avoir des effets positifs, comme pendant certaines périodes où la prospérité économique se conjugue à une fertilité créatrice et artistique (par exemple pendant les « Roaring Twenties » ou « années vrombissantes » aux États-Unis), de même que le besoin peut susciter l’innovation. À l’inverse, les effets pervers de l’abondance se manifestent par les conséquences négatives de l’hyperconsommation, notamment en termes environnementaux, mais aussi en termes culturels, éthiques et spirituels.

D’un point de vue littéraire, on interrogera à la fois les représentations de l’abondance et du manque, et les formes qui jouent sur ces deux opposés. Ces questions pourront s’explorer à partir de l’écocritique, pour montrer comment les pertes associées à la dégradation environnementale sont évoquées par la littérature, et se demander, par exemple, si l’environnement est représenté comme un lieu de plénitude ou comme un site du manque et de la mutilation. De même, les écritures de la décadence et de la vacuité associées à la profusion consumériste nous interrogent sur la valeur de l’abondance et sur la distinction entre quantité et qualité. Un tel jeu autour du vide et du plein, de la saturation et de l’omission, peut affecter la réception du texte et rendre la compréhension difficile, jusqu’à créer parfois un manquement de l’interprétation : depuis les écritures blanches et les textes qui créent des manques afin de susciter l’aporie, jusqu’aux textes qui enflent, débordent, accumulant mots ou références intertextuelles, parfois au point de saturer le sens. Il s’agira aussi d’envisager les formes artistiques qui prennent appui sur le manque et la pénurie. Art du déchet, du bricolage, de l’assemblage, des restes, témoignent de la créativité qui peut émerger à partir du besoin. Ce sujet nous encourage aussi à réfléchir aux formes artistiques et visuelles qui jouent sur le vide et le plein, entre équilibre et déséquilibre, et à la question du remplissage (de la case, de la page, de la toile, de l’espace créateur, de l’horizon d’attente).

Nous souhaitons aussi encourager des contributions s’appuyant sur les problèmes spécifiques à la langue et qui pourront montrer comment penser le discours et les effets de sens en termes de manque et d’abondance. Le manque s’exprime à travers différents phénomènes liés à la lacune, au manquement, à l’écart et au décalage. Le traducteur, tantôt inondé de choix parmi lesquels il doit trancher ou au contraire confronté à des options très limitées, doit composer avec des manques lexicaux dans la langue source ou dans la langue cible. Mais la traduction nous amène aussi à prendre en compte des décalages plus larges, entre les lecteurs ou entre les cultures, ainsi qu’à nous poser la question de la réception : quels textes sont traduits ? Pourquoi y existe-t-il une abondance de traductions de certains textes et pas d’autres, pourquoi certaines littératures restent-elles peu traduites ?

La notion de manquement, appliquée au langage et à l’expression, nous interroge sur ce qui constitue une défaillance ou une inadéquation du langage. L’exemple des écarts accidentels, ces phonèmes, morphèmes ou mots qui pourraient exister mais sont absents d’une langue, nous amène à nous demander ce qui constitue véritablement un manquement de la langue. Une abondance de terminologie et d’étiquettes peut-elle être néfaste au lieu d’être constructive ? S’agit-il de tout pouvoir exprimer par les mots ? La question du manque et du décalage œuvre aussi au niveau sémantique. Face à des signes ambigus, et ainsi à une abondance d’interprétations, nos modes de pensée et de compréhension habituels sont déstabilisés : quand certains se délectent des joies créatives de l’instabilité, d’autres au contraire sont en quête de la certitude associée à une définition univoque.

 

Modalités de soumission

Nous invitons des propositions pour des communications de 20 minutes, en anglais ou en français, émanant de toutes les disciplines des études anglophones, portant sur le monde anglophone sans restriction géographique ou temporelle. Cette journée d’étude est ouverte à tout.e.s mais s’adressera en priorité aux jeunes chercheuses et chercheurs en études anglophones.

Les communications pourront porter, sans s’y limiter, sur les thèmes suivants :

  • Représentations du manque et de l’abondance dans la littérature et dans les arts
  • Formes textuelles et narratives, choix stylistiques et rhétoriques qui jouent sur l’abondance et le manque
  • Esthétiques en rapport avec l’abondance et/ou le manque (baroque, minimalisme)
  • Motifs de l’abondance et du manque (festins et famines, déluges et déserts)
  • L’espace et son (non) remplissage
  • L’hyperconsommation, la pénurie
  • Les inégalités et disparités sociales
  • La distribution de Pareto
  • La valeur de la rareté
  • L’abondance et le manque de nourriture
  • La croyance en un âge d’or

Les propositions, de 250 mots environ, seront à envoyer accompagnées d’une courte présentation à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. avant le 30 octobre 2021. Elles seront étudiées par l’ensemble du comité.

Comité organisateur :

Nina Eldridge, Méliné Kasparian-Le Fèvre, Riyad Moosoody,

et Aurélien Royer (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne).

 

 

Abundance and scarcity

Abundance and scarcity appear as opposites and yet both mark a deviation from a state of harmony, balance, or neutrality. Seeking out or fleeing from one of these two extremities engages the way we relate to resources, or to desire and need, and invites us to think on issues of value, norms, and excesses. Primarily an issue of basic survival, our relationship to abundance and scarcity can be observed through the organisation of our societies and of language, but also in our concerns around aesthetics and expression.

From a cultural and historical perspective, issues of abundance and scarcity evoke the realm of resources, markets and consumerism. The current ‘era of abundance’ is defined by an abundance both of consumer goods and of information. In regards to conspicuous consumption, an abundance of wealth is used to amass cultural capital. Among resources that can be either scarce or abundant, food is a particularly useful example for calling into question the ambivalence of abundance; though a feast may play a positive role in reinforcing social ties, or a host’s prestige, today’s overabundance of processed foods has shown perverse side-effects in regards to certain populations’ health, including the more disadvantaged. Abundance may also have more positive effects – such as during times where economic prosperity is combined with creative and artistic growth, during America’s ‘Roaring Twenties’ for instance (though of course times of need may also be a drive for innovation.) Conversely, abundance may also bring creative stagnation in intellectual and artistic movements as well as the adverse effects of rampant consumerism – notably in terms of the environment but also in regards to cultural, ethical, and spiritual concerns.

From a literary angle, papers might consider representations of abundance and scarcity as well as the way literary form can play with these two opposing concepts. These issues might be considered via eco-criticism, for instance, in looking at how the losses associated with environmental degradation are evoked in literature or looking at whether nature is seen as a place of overflowing abundance or as a place of lack and loss. Similarly, writings about the decadence and vacuity that are associated with consumerist profusion or unscrupulous displays of wealth question the morality of abundance and encourage a distinction between quality and quantity. Playing with gaps and wholes, with saturation and omissions, may affect a text’s reception, sometimes creating challenges to comprehension or even gaps in our understandings and interpretations – from les écritures blanches and texts that create aporia-producing gaps, to texts that seem to inflate and overflow, that hoard words and intertextual references, sometimes to the point of saturating meaning. Attention might also be given to artistic forms that derive from scarcity and paucity. Junk art, the DIY aesthetic, collage, creating something out of whatever is left over… These approaches show the creativity that can be born from times of need. Papers might also consider works that play on the oppositions between the void and the whole, between equilibrium and extremes, as well as the issue of filling, or not filling, spaces – whether a panel, a page, a canvas, a workspace, a horizon of expectation.

We would also like to welcome papers discussing issues specifically relating to language and that show how we might think about meaning and discourse in terms of abundance and scarcity. Scarcity shows itself as a lack or as an absence in various phenomena related to gaps. Translation studies, for instance, must navigate the lexical gaps that exist in either the target or the source language – either wading through an abundance of choices or stranded where solutions are scarce. Yet translating also requires keeping in mind the much larger gaps between cultures or between readers. Thinking about translation practices also asks the question of reception. Which texts are translated? Why are some texts re-translated and some literatures so scarce on the shelves of other cultures?

Scarcity also prompts the question of what’s missing. Applied to language and expression, this can be seen in the case of accidental gaps – parts of language (whether words, morphemes or phonemes) that could exist but simply don’t. Once noticed, they beg the question of whether or not every part of life can or should fit into language. Can excessive labelling and an over-abundance of terminology not be harmful or hubristic?

The lacks and gaps of scarcity also manifest in language’s semantic issues. Grappling with ambiguous signs destabilises our habitual mode of knowledge and understanding – faced with an abundance of interpretations one may either thrive in the creative joys of instability or on the contrary search for the certainty brought by a singular authoritative definition.

The conference is open to all but priority will be given to doctoral candidates. We invite proposals for 20 minute papers from all areas of Anglophone Studies and focusing on any place or time-period within the English-speaking world. Papers may be given in English or in French.

Topics may include but should by no means be limited to:

- Representations of abundance and scarcity in literature and the arts

- Narrative and textual forms, stylistic and rhetorical devices that play on abundance and/or scarcity

- Aesthetics of abundance and/or scarcity (baroque, minimalism)

- Symbolic motifs such as famines and floods

- Empty or full spaces (creative or physical)

- Over-consumption, shortages

- Social inequalities and disparities

- The value of rarity

- Abundance or scarcity of food

- the Pareto distribution

- Belief in a Golden Age

 

Please email a 250 word abstract as well as a short biographical note to Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. by 30th October 2021. Your submission will be examined by the full committee.

Committee:

Nina Eldridge, Méliné Kasparian-Le Fèvre, Riyad Moosoody,

and Aurélien Royer (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne)

 

 

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