Appel à communications / Call for papers
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3
Organisé par l’équipe d’accueil CLIMAS (Cultures et Littératures des Mondes Anglophones) et la FRE EEE (Europe Européanité Européanisation)
21-23 mars 2013
"Tour de Babel" est une illustration de M. Alexandre Sulimov ( www.sulimov.info) utilisée avec son aimable autorisation.
A la fois espace de transition, espace frontalier qui marque la différence entre les deux territoires qu’il sépare mais aussi espace de mise en relation, d’échange et d’interaction, l’interlangue joue un rôle fondamental dans les dynamiques de construction identitaire. Ce que d’aucuns ont qualifié de « marécages langagiers » (Coste 1989) fut à l’origine conçu comme un système intermédiaire entre la langue-source et la langue-cible, système par lequel tout apprenant doit passer au cours du processus d’acquisition linguistique. Dans le domaine littéraire, la notion fut appliquée dès les années 1980 aux phénomènes d’hybridation linguistique au sein d’une même unité syntaxique dans le souci de mettre en valeur la tension qui en découle et la possibilité d’engendrer une langue « autre » (Bruce-Novoa). Le rôle problématique de l’interlangue dans le processus de construction identitaire constitue une invite à repenser l’identité loin de tout carcan essentialiste, dans une perspective dynamique et évolutive par laquelle l’instabilité constitutive de la notion se transformerait paradoxalement en un tremplin vers une redéfinition du sujet (Kramsch 2009).
La réflexion que nous souhaitons mener s’inscrit dans le cadre plus large d’un questionnement sur le multilinguisme en tant qu’atout ou handicap dans le processus de construction du sujet. S’il est vrai que la compétence plurilingue fut longtemps réprouvée par la communauté scientifique médicale qui n’y voyait qu’une source de pathologies diverses – voire de retard mental – l’évolution des mentalités favorisée par la mondialisation et le nouvel ordre économique qui l’accompagne en fait désormais une valeur ajoutée non négligeable dans les échanges internationaux.
L’école joue aujourd’hui un rôle important dans ce processus. Lieu privilégié de construction des interlangues, lieu de rencontres de langues et cultures de plus en plus diverses, elle constitue un terrain d’observation des enjeux psycholinguistiques et sociolinguistiques liés aux contacts des langues-cultures. L’évolution de la notion d’interlangue vers celle de « translangue » (Creese et Blackledge 2010) témoigne de l’actualité de cette notion.
L’un des objectifs de ce colloque est de susciter un dialogue transatlantique en favorisant les échanges entre spécialistes américains et européens autour de ces problématiques. L’ensemble des interventions nous permettra ainsi, nous l’espérons, de dresser un bilan critique des politiques linguistiques menées par le gouvernement américain ces vingt dernières années et d’envisager les défis que doit relever l’Europe du 21ème siècle à la lumière de l’expérience américaine.
Le passage au 21ème siècle marqua un tournant décisif dans les politiques linguistiques états-uniennes. Sous la présidence de George W. Bush, la loi du « Aucun enfant laissé pour compte » (No Child Left Behind Act, 2001) témoigne d’une volonté manifeste de promouvoir la langue anglaise au détriment des avancées significatives des trente années qui avaient précédé. Dans le même temps, un certain nombre d’états (Californie, Arizona, Massachusetts) se dotèrent de tout un arsenal législatif renforçant la préséance de l’anglais dans divers domaines. Et pourtant, certains observateurs notent aussi l’impact du 11 septembre sur la conscience nationale, avec comme retombée inattendue la prise de conscience que, les frontières nationales ne suffisant pas à protéger le territoire américain, l’ouverture sur autrui et sur les cultures étrangères par l’acquisition d’autres langues peut également servir d’antidote au terrorisme. Conscient que la réussite économique d’un pays dépend aussi des compétences linguistiques de ses acteurs citoyens, le gouvernement fédéral a tout de même fait, ces dernières années, des efforts significatifs pour promouvoir l’apprentissage des langues étrangères en accordant notamment des avantages financiers aux étudiants s’engageant dans la voie de l’enseignement d’une langue vivante. Les défenseurs d’une Amérique monolingue (English-only) voient néanmoins toujours dans le souhait de conserver sa langue d’origine l’expression d’un anti-américanisme latent. A l’inverse, les tenants de la diversité linguistique remettent en cause le paradigme romantique selon lequel le monolinguisme serait au fondement même de toute identité nationale.
L’Union européenne s’est elle aussi engagée ces dernières années dans un vaste chantier de promotion du multilinguisme qui s’est concrétisé, entre autres, par le « programme d'action dans le domaine de l'éducation et de la formation tout au long de la vie » – fer de lance d’une politique volontariste de soutien à la diversité linguistique. Les débats houleux qui animent depuis quelques années la communauté européenne ne sont pas sans rappeler ceux qui passionnèrent les Etats-Unis dans les années 70 et 80. La politique menée par l’Europe a d’ailleurs bien du mal à faire abstraction du modèle ou contre-modèle états-unien, comme on peut le voir dans la volonté affichée de se démarquer du melting-pot à l’américaine au profit d’une « maison de l’Europe » au sein de laquelle cohabiteraient harmonieusement différents peuples et langues (« a common home in which diversity is celebrated, and where our many mother tongues are a source of wealth and a bridge to greater solidarity and mutual understanding », European Commission). Malgré des différences notables d’ordre historique et constitutionnel, nous pensons que les questions dont débattent actuellement les Européens sont susceptibles de bénéficier de l’éclairage qu’apporterait l’expérience américaine.
Outre des communications privilégiant un regard croisé entre ces deux sphères géopolitiques, nous encourageons vivement des chercheurs de diverses aires culturelles à enrichir le débat par leurs connaissances spécifiques dans le domaine de l’éducation, de la civilisation ou de la littérature.
Parmi les questions susceptibles de faire fructifier ces échanges :
Dans le domaine littéraire :
- Quel sort le canon a-t-il réservé aux auteurs multilingues ? Quelle a été l’évolution de l’historiographie littéraire américaine, par exemple, face à la prolifération de textes multilingues ? Quel est le rôle de la langue dans la constitution d’un corpus littéraire national ? Dans quelle mesure les écrivains qui font le choix d’écrire en tout ou partie dans une autre langue participent-ils d’une littérature dite « nationale » ?
- Peut-on dire que, par le travail de sape qu’ils impliquent, les textes multilingues remettent en cause la pertinence même des anciennes littératures nationales ?
- Les pratiques d’alternance codique (code switching) participent-elles de la construction ou de la déconstruction du texte littéraire ?
- Peut-on dire, avec Colleen G. Boggs, que la littérature américaine se distingue des autres littératures par son caractère « transnational » ?
- Peut-on envisager la traduction comme une pratique problématique en ce sens qu’elle favorise peut-être la pérennisation de communautés monolingues à l’intérieur d’un plus vaste ensemble plurilingue ?
- Quels sont les enjeux politiques et / ou idéologiques qui conditionnent la décision de traduire ou de ne pas traduire les emprunts à d’autres langues ?
Dans le domaine de l’éducation :
- Comment concevoir une identité multilingue ?
- Comment et dans quelle mesure la notion d’interlangue a-t-elle évolué au point de devenir une stratégie d’enseignement ?
- Le plurilinguisme officiel n’est-il pas qu’une façon de rassembler de façon artificielle diverses communautés monolingues sur un même territoire ? Peut-on aller jusqu’à dire, avec Monica Heller que, pour être un bon plurilingue, il faut être plusieurs fois monolingue (10) ? Ou bien existe-t-il un espace intermédiaire générateur d’autres modalités identitaires ?
- Comment faire en sorte que la rupture migratoire ne s’accompagne pas, pour les enfants de migrants, d’une rupture linguistique génératrice de tensions intergénérationnelles ?
- Quel doit être le rôle de l’institution scolaire, souvent source d’inhibition de par ses tentatives de normalisation de l’apprentissage linguistique ? Comment peut-on faire une place à la compétence plurilingue au sein de cette institution ?
- Comment arriver à dépasser la conscience de la stigmatisation souvent liée à la pratique de l’interlangue en un tremplin vers la réussite ?
- Quelle place pour l’élève plurilingue en classe de langue étrangère ?
- Quelle prise en compte dans l’institution scolaire des langues-cultures étrangères des élèves ?
- Quelle prise en compte des compétences partielles des élèves dans les langues-cultures familiales dans la salle de classe ?
Dans le domaine civilisationnel :
- Quelles sont les différentes stratégies politiques (législatives?) que déploient les états-nations dans le domaine linguistique? Défense et promotion d'une seule langue nationale, comme la France? Co-existence de deux langues (ou davantage) à titre d'égalité ou hiérarchisées? Quelles sont les raisons politiques et historiques de ces choix ?
- Quels sont les autres modèles linguistiques possibles? Une langue officielle, ou pas, et une tolérance pour l'utilisation, voire la défense et la promotion active, d'autres langues sur le territoire de l'état, comme au Royaume-Uni, où le pays de Galles est officiellement bilingue et sept langues sont protégées par la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires?
- Le cas des pays/autorités élues qui adoptent des mesures protectionnistes pour défendre la langue historique du territoire face à la prééminence d'une "grande" langue (cf. les écoles d'immersion en Irlande pour la promotion du gaélique).
- Les avancées des langues "régionales" aux dépens de la langue nationale (cf. les très net progrès du catalan et le déclin de l'espagnol en Catalogne).
- Quelle politique adopter dans une région où la langue est déjà minoritaire et qui doit faire face à l'arrivée d'immigrés étrangers à l'état (cf. l'arrivée de nombreux Polonais au pays de Galles depuis 2007)?
- Quelles politiques linguistiques pour les enfants (cf. L'intégration scolaire des enfants immigrants en Europe /Integrating Immigrant Children into Schools in Europe published by the Education, Audiovisual and Culture Executive Agency (EACEA P9 Eurydice) 2009)? Et pour les adultes?
- Quelles conséquences de tels choix politiques ont-ils sur les comportements au quotidien (modes de vie qui se construisent dans l'interlangue ; réseaux sociaux, religieux, commerciaux ; mécanismes d’adaptation ; spécificités des régions frontalières, etc.) ?
Les propositions de communication, sous forme d’un résumé d’environ 250
mots, accompagné d’une notice bio-bibliographique, sont à envoyer avant
le 1er septembre 2012 à Françoise Bonnet, Stéphanie Durrans et Moya Jones à l’adresse suivante :
Une publication des communications issues du colloque est prévue après examen et sélection par un comité de lecture.
Bibliographie sélective
Littérature :
BOGGS Colleen Glenney, Transnationalism and American Literature : Literary Translation 1773-1892, New York and London : Routledge, 2007.
BRUCE-NOVOA Juan, « The Other Voice of Silence: Tino Villanueva », Modern Chicano Writers (eds. Tomás Ybarra-Frausto and Joseph Sommers), New Jersey : Prentice Hall, 1979.
CANDELARIA Cordelia, « Code-Switching as Metaphor in Chicano Poetry », in European Perspectives on Hispanic Literature of the United States (ed. Geneviève Fabre), Houston : Arte Publico Press, 1988, pp. 91-97.
ELWERT W.T., « L’emploi des langues étrangères comme procédé stylistique », Revue de littérature comparée 34 (1960), 409-37.
European Commission, A New Framework Strategy for Multilingualism, COM (2005) 596 final, Bruxelles, 2005.
GASQUET Axel et Modesta SUAREZ (dir.), Écrivains multilingues et écritures métisses. L’hospitalité des langues, Collection « Littératures », Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007.
HELLER Monica (2000), « Bilingualism and Identity in the Post-Modern World », Estudios de Sociolinguistica 1 (2) : 9-24.
HOENSELAARS Ton and Marius BUNING (ed.), English Literature and the Other Languages (with an afterword by N.F. Blake), Amsterdam and Atlanta, Ga : Rodopi, 1999.
LENNON Brian, In Babel's Shadow : Multilingual Literatures, Monolingual States, Minneapolis and London : University of Minnesota Press, 2010.
LIPSKY John, « Spanish-English Language Switching in Speech and Literature : Theories and Models », in The Bilingual Review, 9.3 (1982) : 191-212.
VALDES Fallis Guadalupe, « Code-Switching in Bilingual Chicano Poetry », Hispania (December 1976), n°59, pp. 77-86.
YILDIZ Yasemin, Beyond the Mother Tongue : The Postmonolingual Condition (Modern Language Initiative), New York : Fordham University Press, 2011.
Education:
ABDALLAH-PRETCEILLE M., L'éducation interculturelle, Paris : PUF, 2005.
BEACCO J-C., BYRAM M., Guide pour l'élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe. De la diversité linguistique à l'éducation plurilingue. Strasbourg : Conseil de l'Europe, 2003.
BILLIEZ J. (dir.), De la didactique des langues à la didactique du plurilinguisme, Grenoble : CDL-LIDILEM, 1998.
BILLIEZ J., SIMON D-L. (dir.), Alternance des langues : enjeux socio-culturels et identitaires, LIDIL, vol.18, 1998.
CASTELLOTTI V., D'une langue à d'autres, pratiques et représentations, P.U. de Rouen, 2001.
COHEN James, Spanglish America. Editions du Félin, 2005.
COSTE Daniel, « Actualiser la linguistique appliquée », Cahiers de linguistique française 10, 13-26, 1989.
COSTE D., MOORE D., ZARATE G., Compétence plurilingue et pluriculturelle, Conseil de l'Europe, 1997.
CREESE A., BLACKLEDGE A., « Translanguaging in the Bilingual Classroom : a Pedagogy for Learning and Teaching », The Modern Language Journal, vol. 94/1, pp. 103-115, 2010.
DALGALIAN G., Enfances plurilingues : témoignages pour une éducation bilingue et plurilingue, Paris : L'Harmattan, 2000.
DYALANG, La langue maternelle en classe de langue étrangère. Paris : CLE International/ DLE, 2001.
GARCIA Ofelia, Bilingual Education in the 21st Century: A Global Perspective, Wiley-Blackwell, 2008.
KRAMSCH C., LEVY D., ZARATE G., Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme, Paris : Editions des Archives Contemporaines, 2008.
KRAMSCH C., Language and Culture, Oxford : O.U.P, 1995.
------------------- The Multilingual Subject, Oxford : O.U.P, 2009.
MARTINEZ P., MOORE D., SPAËTH V., Plurilinguismes et enseignement, Riveneuve éditions, 2008.
MOREIRA Gillian, « Building a Common European Home : the Contribution of Language Policy and Multilingualism », Debater A Europa, N.4 Janeiro/Junho 2011, http://www.europe-direct-aveiro.aeva.eu/debatereuropa/
NOIRIEL Gérard, A quoi sert "l'identité nationale"?, Agone Editions, 2007.
SELINKER L. Interlanguage, IRAL, 72/10.
WELSCH W., Transculturality, the Puzzling Form of Cultures Today. Spaces of Culture : City, Nation, World, London : Sage, 1999.
Civilisation :
COHEN James, Spanglish America: les enjeux de la latinisation des Etats-Unis, Paris : Le Félin, 2005.
COOPER Robert Leo, Language Planning and Social Change, Cambridge : CUP, 1989.
FISHMAN Joshua A., Reversing Language Shift, Clevedon : Multilingual Matters Ltd, 1991.
KAPLAN Robert B. & BALDAUF Richard B., Language Planning and Policy in Europe, Clevedon : Multilingual Matters Ltd, 2005.
KAPLAN Robert B. & BALDAUF Richard B., Language Planning from Practice to Theory, Clevedon : Multilingual Matters Ltd, 1997.
LIDDICOT Anthony & BALDAUF Richard B., Language Planning in Local Contexts, Clevedon : Multilingual Matters Ltd, 2008.
MAY Stephen, Language and Minority Rights, London : Longman, 2001.
PAULSTON Christina Bratt, Linguistic Minorities in Multilingual Settings, Amsterdam, John Benjamins Publishing, 1994.
PETOT Susana et al., Rights, Promotion and Integration Issues for Minority Languages in Europe, London : Palgrave, 2009.
STAVANS Ilan, Spanglish : The Making of a New American Language, New York : Harper Collins, 2003.
WILLIAMS Colin H., Linguistic Minorities, Society and Territory, Clevedon : Multilingual Matters Ltd, 1991.
--------------------- , Language Revitalization, Cardiff: UWP, 2000.
----------------------- & MARSHAL David F., Focus on Language Planning, Amsterdam, John Benjamins Publishing, 1991.
Call for papers - English version
International conference : "Self/building in interlanguage: transatlantic views on multilingualism"
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3, France
Organised by E.A. CLIMAS (Cultures et Littératures des Mondes Anglophones) and F.R.E. EEE (Europe Européanité Européanisation)
21-23 March 2013
Interlanguage is both a space for transition and a frontier marking the difference between two territories which it separates while bringing them together in a relationship of exchange and interaction, and interlanguage plays a fundamental role in the dynamics that underpin the construction of identity. What some have called "language marshlands" (Coste 1989) were originally conceived as being an intermediary system between the source language and the target language, as a system which every language learner had to pass through during the process of language acquisition. In literature, from the 1980s onwards, the notion of interlingualism was applied to examples of linguistic hybridisation within the same syntactic unit with a view to highlighting the tension that arises and also the possibility of engendering a language that was "other" (Bruce-Novoa). The problematical role of interlanguage in the identity building process is therefore an invitation to rethink identity, far from essentialist confines and within a dynamic and evolving perspective wherein the constitutive instability of the concept is paradoxically transformed into a springboard towards a redefinition of the subject (Kramsch 2009).
The reflection that we would like to initiate is set within the wider framework of the questioning surrounding multilingualism both as an advantage and as a handicap in a subject's construction process. While it is true that plurilingualism was long disapproved by the scientific medical community which viewed this phenomenon simply as a source of diverse pathologies, or even of mental retardation, developments in thinking spread by globalisation and the accompanying new economic order now see this as a not inconsiderable added value in international exchanges.
Today, school plays an important role in this process. It is a special place for the construction of interlanguages. It is a place where the most diverse languages and cultures meet and it is also a field for observing what is at stake in psycholinguistic and sociolinguistic terms when languages and cultures have contact. The evolution of the notion of interlanguage towards that of "translanguage" (Creese and Blackledge 2010) bears witness to the current currency of this notion.
One of the aims of this conference is to initiate a transatlantic dialogue by helping to foster exchanges between American and European specialists in these fields. Bringing together all these papers will therefore allow us to make a critical assessmentof the linguistic policies carried out by the American government over the past twenty years and to reflect on the way potential challenges faced by Europe in the 21st century might be handled in the light of American experience.
The start of the 21st century marked a defining moment in the linguistic policies of the United States. During the presidency of George W. Bush the No Child Left Behind Act, 2001 was proof of a clear desire to promote the English language to the detriment of the significant progress that had been made over the previous thirty years. At the same time, a number of states (California, Arizona, Massachusetts) passed a raft of legislation which reinforced the domination of English in many fields. And yet, many observers have also noted, the impact of 9/11 on the national conscience had an unexpected result in that there was a national rise in awareness that national frontiers were not enough to protect American territory, and that opening up to others and to foreign cultures by acquiring foreign languages can also serve as an antidote to terrorism. The federal government is conscious that the economic success of a country also depends on the linguistic skills of its citizens and agents, and these last few years it has made serious efforts to encouragelanguage learning, in particular by offering financial inducements to students who commit to teach a modern language. However, those who defend a monolingual America (English-only) nonetheless detect latent anti-Americanism among those people who wish to preserve their native language. On the contrary, those who defend linguistic diversity question the romantic paradigm whereby monolingualism is the very foundation of any national identity.
In the past few years the European Union has also engaged in a vast programme for the promotion of multilingualism which has taken various forms including an "action programme in the field of life-long education and training". This has been the key point in a policy of deliberate support for linguistic diversity. The noisy debates which have been heard in discussion within the European community are reminders of the debates which raged in the USA in the 70s and 80s and European policy has had some difficulty in turning away from the American model, or counter-model, as can be seen in the stated wish to move away from the American style melting pot and more towards a "European house" where different people and languages dwell together in harmony ("a common home in which diversity is celebrated, and where our many mother tongues are a source of wealth and a bridge to greater solidarity and mutual understanding", European Commission). Despite the sizeable differences in history and constitution, we believe that the questions that are currently being debated in Europe may well benefit from light being shed on the issues by American experience.
As well as those papers which choose to take a comparative look at these two geopolitical spheres we would encourage researchers from different cultural areas to enrich the debate by contributing their specific knowledge in the fields of education, cultural studies and literature.
Among the questions which are likely to lead to fruitful exchanges are:
In the world of literature:
- What place is there in the canon for multilingual writers? What has the evolution of American literary historiography been, for example, when faced with a proliferation of multilingual texts? What is the role of language in the constitution of a national literary corpus? How far do writers who choose to write partly or wholly in another language figure in so-called "national" literature?
- Can we say that multilingual texts call into question the very pertinence of ancient national literatures that they seek to undermine?
- Do code-switching practices play a role in the construction or deconstruction of literary texts?
- Can we agree with Colleen G. Boggs that American literature is distinguished from other literatures by its "transnational" character?
- Can we view translation as a problematical practice in the sense that perhaps it favours the survival of monolingual communities within a greater plurilingual system?
- What are the political and ideological stakes which determine the decision whether or not to translate borrowings from other languages?
In the world of education:
- How can a multilingual identity be conceptualised?
- In what way and how far has the idea of interlanguage evolved to the point that it is now a teaching strategy?
- Isn't plurilingualism just an artificial way of bringing together different monolingual communities that dwell in the same territory? Can we go so far as to agree with Monica Heller that in order to be multilingual one needs to be monolingual several times over? (10) Or is there in fact an intermediary space which generates other kinds of identities?
- How can we ensure that the breach wrought by migration is not accompanied by linguistic schisms which create tensions between generations?
- What should the role of educational institutions be, for they are often the source of inhibition because they try to normalise language learning? How can a place be found for multilingual skills within such an institution?
- How can the consciousness of stigmatisation which is often linked to the practice of interlanguage be overcome and turned into a springboard for success?
- What room is there for a plurilingual pupil in the foreign language classroom?
- How far do schools take into account the foreign languages and cultures of pupils?
- How far are pupils’ partial skills acquired in the language and culture of the family taken into account in the classroom?
In the world of cultural studies:
- What are the different strategies (political, legislative…) that nation states implement in the field of language? Defence and promotion of one single national language (cf. France)? Coexistence of two or more languages which are equal or where there is a hierarchy? What are the political and historic reasons for these choices?
- What other linguistic models are possible? One official language or not? Tolerance of the use, the defence and the promotion of other languages in the state territory such as in the United Kingdom where Wales is officially a bilingual territory and seven languages are protected by the ratification of the European Charter for Regional or Minority Languages (1992)?
- Cases where governments (local or regional) adopt protectionist measures to defend the historic language of the state when it is threatened by a more dominant language (cf. the immersion schools in Ireland for the promotion, defence and spread of Irish Gaelic).
- Advances made by regional languages at the expense of the national (state) language (cf. the progress being made by Catalan and the decline of Spanish in Catalonia).
- What policies should be adopted in a region where the language is already only spoken by a minority and which has to handle an influx of migrants from outside the state (cf. the arrival of many Polish immigrants in Wales since 2007)?
- What linguistic policies should be adopted concerning the integration of child migrants? (cf. L'intégration scolaire des enfants immigrants en Europe /Integrating Immigrant Children into Schools in Europe published by the Education, Audiovisual and Culture Executive Agency (EACEA P9 Eurydice) 2009)? And what about the integration of adults?
- What are the consequences of such political choices on daily behaviours (lifestyles built in interlanguage, social, religious, commercial networks, adaptation strategies, specificities of frontier regions, etc.)?
A 250 word summary of your proposal with a short biography and bibliography should be sent to Françoise Bonnet, Stéphanie Durrans and Moya Jones at the following address:
Deadline: 1 September 2012.
Select Bibliography
Literature:
BOGGS Colleen Glenney, Transnationalism and American Literature: Literary Translation 1773-1892, New York and London : Routledge, 2007.
BRUCE-NOVOA Juan, “The Other Voice of Silence: Tino Villanueva”, Modern Chicano Writers (eds. Tomás Ybarra-Frausto and Joseph Sommers), New Jersey: Prentice Hall, 1979.
CANDELARIA Cordelia, “Code-Switching as Metaphor in Chicano Poetry”, in European Perspectives on Hispanic Literature of the United States (ed. Geneviève Fabre), Houston: Arte Publico Press, 1988, pp. 91-97.
ELWERT W.T., “L’emploi des langues étrangères comme procédé stylistique”, Revue de littérature comparée 34 (1960), 409-37.
European Commission, A New Framework Strategy for Multilingualism, COM (2005) 596 final, Bruxelles, 2005.
GASQUET Axel et Modesta SUAREZ (dir.), Écrivains multilingues et écritures métisses. L’hospitalité des langues, Collection “Littératures”, Clermont-Ferrand: Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007.
HELLER Monica (2000), “Bilingualism and Identity in the Post-Modern World”, Estudios de Sociolinguistica 1 (2): 9-24.
HOENSELAARS Ton and Marius BUNING (ed.), English Literature and the Other Languages (with an afterword by N.F. Blake), Amsterdam and Atlanta, Ga: Rodopi, 1999.
LENNON Brian, In Babel's Shadow: Multilingual Literatures, Monolingual States, Minneapolis and London: University of Minnesota Press, 2010.
LIPSKY John, “Spanish-English Language Switching in Speech and Literature: Theories and Models”, in The Bilingual Review, 9.3 (1982): 191-212.
VALDES Fallis Guadalupe, « Code-Switching in Bilingual Chicano Poetry », Hispania (December 1976), n°59, pp. 77-86.
YILDIZ Yasemin, Beyond the Mother Tongue: The Postmonolingual Condition (Modern Language Initiative), New York: Fordham University Press, 2011.
Education:
ABDALLAH-PRETCEILLE M., L'éducation interculturelle, Paris: PUF, 2005.
BEACCO J-C., BYRAM M., Guide pour l'élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe. De la diversité linguistique à l'éducation plurilingue. Strasbourg: Conseil de l'Europe, 2003.
BILLIEZ J. (dir.), De la didactique des langues à la didactique du plurilinguisme, Grenoble: CDL-LIDILEM, 1998.
BILLIEZ J., SIMON D-L. (dir.), Alternance des langues: enjeux socio-culturels et identitaires, LIDIL, vol.18, 1998.
CASTELLOTTI V., D'une langue à d'autres, pratiques et représentations, P.U. de Rouen, 2001.
COHEN James, Spanglish America. Editions du Félin, 2005.
COSTE Daniel, “Actualiser la linguistique appliquée”, Cahiers de linguistique française 10, 13-26, 1989.
COSTE D., MOORE D., ZARATE G., Compétence plurilingue et pluriculturelle, Conseil de l'Europe, 1997.
CREESE A., BLACKLEDGE A., “Translanguaging in the Bilingual Classroom: a Pedagogy for Learning and Teaching”, The Modern Language Journal, vol. 94/1, pp. 103-115, 2010.
DALGALIAN G., Enfances plurilingues: témoignages pour une éducation bilingue et plurilingue, Paris: L'Harmattan, 2000.
DYALANG, La langue maternelle en classe de langue étrangère. Paris: CLE International/ DLE, 2001.
GARCIA Ofelia, Bilingual Education in the 21st Century: A Global Perspective, Wiley-Blackwell, 2008.
KRAMSCH C., LEVY D., ZARATE G., Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme, Paris: Editions des Archives Contemporaines, 2008.
KRAMSCH C., Language and Culture, Oxford: O.U.P, 1995.
------------------- The Multilingual Subject, Oxford: O.U.P, 2009.
MARTINEZ P., MOORE D., SPAËTH V., Plurilinguismes et enseignement, Riveneuve éditions, 2008.
MOREIRA Gillian, “Building a Common European Home: the Contribution of Language Policy and Multilingualism”, Debater A Europa, N.4 Janeiro/Junho 2011, http://www.europe-direct-aveiro.aeva.eu/debatereuropa/
NOIRIEL Gérard, A quoi sert "l'identité nationale"?, Agone Editions, 2007.
SELINKER L. Interlanguage, IRAL, 72/10.
WELSCH W., Transculturality, the Puzzling Form of Cultures Today. Spaces of Culture: City, Nation, World, London: Sage, 1999.
Civilisation:
COHEN James, Spanglish America: les enjeux de la latinisation des Etats-Unis, Paris: Le Félin, 2005.
COOPER Robert Leo, Language Planning and Social Change, Cambridge: CUP, 1989.
FISHMAN Joshua A., Reversing Language Shift, Clevedon: Multilingual Matters Ltd, 1991.
KAPLAN Robert B. & BALDAUF Richard B., Language Planning and Policy in Europe, Clevedon: Multilingual Matters Ltd, 2005.
KAPLAN Robert B. & BALDAUF Richard B., Language Planning from Practice to Theory, Clevedon: Multilingual Matters Ltd, 1997.
LIDDICOT Anthony & BALDAUF Richard B., Language Planning in Local Contexts, Clevedon: Multilingual Matters Ltd, 2008.
MAY Stephen, Language and Minority Rights, London: Longman, 2001.
PAULSTON Christina Bratt, Linguistic Minorities in Multilingual Settings, Amsterdam, John Benjamins Publishing, 1994.
PETOT Susana et al., Rights, Promotion and Integration Issues for Minority Languages in Europe, London: Palgrave, 2009.
STAVANS Ilan, Spanglish: The Making of a New American Language, New York: Harper Collins, 2003.
WILLIAMS Colin H., Linguistic Minorities, Society and Territory, Clevedon: Multilingual Matters Ltd, 1991.
--------------------- , Language Revitalization, Cardiff: UWP, 2000.
----------------------- & MARSHAL David F., Focus on Language Planning, Amsterdam, John Benjamins Publishing, 1991.