Religions et Mondialisation - B. Rigal-Cellard

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Religions et mondialisation : exils, expansions, résistances

RIGAL-CELLARD (Bernadette)

2010, Broché, 16 x 24, 422 p

ISBN 978-2-86781-641-3 [Code cde 995]

 

Si la mondialisation est souvent débattue, on ne parle guère de son impact sur les religions. Ce livre démontre à quel point pourtant les deux phénomènes sont indissociables et se renforcent mutuellement. Les échanges commerciaux en réseaux planétaires et les flux migratoires multiples facilitent la diffusion des religions dans le monde et celles-ci accélèrent en retour les processus économiques et politiques de la mondialisation.

Sont analysées ici les stratégies de conquête de réseaux intensément évangélisateurs (ceux du bouddhisme, de l’islam, du pentecôtisme), ainsi que les tensions suscitées par leur implantation et leurs méthodes, et l’habileté de groupes ésotériques (Rose-Croix, théosophes, suiveurs de Guénon) à se couler dans la mondialisation. A contrario, on observera les résistances à cette frénésie de communautés cultivant un fort nationalisme (néo-païens, shintoistes).

Sur cet échiquier, une grande place est accordée à la France. Plusieurs communautés immigrées tissent des rapports avec leurs voisins en perpétuant la religion de leurs ancêtres : Russes orthodoxes en Savoie, Chaldéens et Sikhs en banlieue parisienne. Nombreux sont ceux qui, tels les Africains chrétiens, tentent de se repérer dans une société qui aurait perdu le christianisme qu’elle leur a enseigné. Tous ces apports transforment le pays en un intense laboratoire de recompositions religieuses et identitaires et stimulent l’économie du spirituel, et l’économie en général, à l’instar de ce qui se passe dans le reste du monde.

Cet ouvrage est le fruit des travaux d’une équipe internationale de chercheurs rassemblés autour de la thématique « Mondialisation, migrations et mutations du champ religieux », sous la direction de Bernadette Rigal-Cellard, spécialiste des religions nord-américaines et de leur expansion. Elle dirige le Master Religions et Sociétés de l’Université de Bordeaux 3.

 

Fiche et bon de commande sur le site des Presses Universitaires de Bordeaux

Paradoxes de la réserve - J.-F. Baillon, V. Béghain, L. Larré et P. Veyret

couvparadoxesPublié par le laboratoire Climas, cet ouvrage collectif explore dans ses chapitres la notion de "réserve" sous toutes ses formes et dans tous ses paradoxes, dans les cultures du monde anglophone. Cette notion convoque avec elle creux et plein, manque et excès, absence et présence. Le non-dit, l'innomable, le hors-champ, la retenue, le secret, le passif emmagasiné dans l'histoire du langage, des histoires, des formes artistiques sont autant de lieux, de foisonnements dont les auteurs analysent le fonctionnement, les formes et les modes, en un mot la façon dont ils renseignent l'oeuvre dont ils font, paradoxalement, partie intégrante. Cet ouvrage montre que la réserve est un carrefour critique à partir duquel envisager des entrelacs dans lesquels viennent se prendre la pensée et la pratique artistique.

 

En ouverture, ce volume contient un texte inédit de Eve Kosofsky Sedgwick (1950-2009), pionnière des études gay et lesbiennes.

Je réel / je fictif. Au-delà d'une confusion postmoderne - A. Schmittt

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 Presses Universitaires du Mirail

Collection "Cribles", dirigée par Pierre Glaudes.

N° ISBN : 978-2-8107-0117-9

PRIX : 24.00 €

Format et nombre de page : 13,5 x 22 cm - 203 p.

 

 

L'actualité littéraire ne cesse de démontrer, au gré de divers « scandales  », que bon nombre d'auteurs contemporains évoluent dans une zone floue où la fiction se heurte souvent à la réalité. Et de fait, établir clairement la frontière entre réel et fiction n'est pas chose aisée. De nombreux textes relevant de près ou de loin du postmodernisme – romans autobiographiques, autofictions, autobiographies mensongères, enquêtes ou biographies romancées – se font un devoir de brouiller les pistes, s'enrichissant de références plus ou moins explicites au réel ou injectant une dose de fiction dans un récit référentiel. ­Certains autobiographes n'hésitent pas non plus à faire fi du pacte autobiographique établi par Philippe Lejeune, qui impliquait de maintenir des liens avec une certaine forme de vérité. Le présent ouvrage propose d'examiner les théories développées autour du genre de l'autofiction et de la question de la figure de l'auteur. Sans sous-estimer la difficulté de l'entreprise, l'auteur suggère quelques pistes pragmatiques, en partie inspirées de la théorie de la réception, pour tenter de rétablir une démarcation fonctionnelle entre je réel et je fictif.

 

Année : 2010

Réf : CRIB 46

Code SODIS : F351182

 

(Description empruntée aux site des Presses Universitaires du Mirail

http://w3.pum.univ-tlse2.fr/~Je-reel-je-fictif~.html#)

 

Aventures de Sherlock Holmes : une affaire d'identité (Les) - N. Jaëck

L'identité selon Holmes

 

(article emprunté à http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=204)

 

Sherlock Holmes. Hors norme ! Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. dans un formidable essai, nous en restitue la vraie dimension avec un talent incomparable. Au centre de son étude, la troisième nouvelle (Une Affaire d'identité) posant la question centrale de l'identité. On y retrouve un Holmes confronté à un déficit d'identité. Or, pour Sherlock, toutes les identités sont soumises à des régulations universelles. Il en a construit du reste la typologie. Pour restaurer cette identité défaillante, Holmes s'emploie tout d'abord à réduire le multiple à l'unique – la problématique même des sciences sociales au XIXe siècle. En bon socratique, Sherlock tient pour certain que connaître, c'est avant tout "reconnaître" : réduire l'altérité au même. Le texte doylien s'avoue ainsi tout d'abord très victorien : sensible aux sirènes de la catégorie et du type.
Question d'identité disions-nous. Nathalie Jaëck explore avec brio l'archéologie de cette question et ses correspondances : en 1886, Stevenson publie Le cas étrange du Docteur Jekyll et de Mister Hyde. L'année suivante, Holmes, avec son Étude en rouge, dépeint un Holmes se découvrant un double. Mais Conan Doyle se démarque des recherches de Jekyll pour proposer une définition de l'identité qui sort du cadre dualiste dans lequel Stevenson voudrait l'enfermer. Le double offre à ses yeux une position trop stable de l'identité. Doyle s'emploie, avec Holmes, à développer une conception "errante" de l'identité. À une position donnée, l'être n'est jamais totalement rassemblé. Si les positions existent dans son récit, c'est comme points de ralliement, pour céder au plaisir du lecteur qui peut retrouver une configuration connue. Mais dans le fond, le texte doylien nomadise l'identité, libérant du même coup à la fois les potentialités de l'être et les horizons du récit. Holmes du reste se déguise, utilise son corps comme un matériau meuble, plastique. Le texte lui-même cède volontiers à la digression, au fragment, aux fausses pistes. Il prolifère, se désorganise, explore une extériorité.
Nathalie Jaëck éclaire également superbement cette période littéraire : la machine réaliste commence à se gripper, le modernisme ne la supplante pas encore. Une période de crise du roman produisant des textes rares, ceux de Stevenson, Doyle, Dickens, Conrad, excusez du peu ! Tous écrivains que la critique, d'ordinaire, arrime au siècle précédent comme réalistes tardifs, ou au mieux précurseurs du modernisme enfermés dans les tropes du passé. Certes, ils écrivent des "romans d'aventure". L'aventure est, au tournant du siècle, le mauvais genre du XIXe siècle, stigmatisé pour son caractère convenu. Mais c'est au cœur de ce mauvais genre que surgit le renouveau littéraire. Conrad, Stevenson, Doyle, c'est là que se joue le nouveau, où le récit n'est plus l'écriture d'une aventure mais l'aventure d'une écriture, selon la belle expression de Ricardou.
Et pour en finir avec l'identité, Doyle ne fait rien d'autre qu'exposer le sujet comme fiction, offrant une redéfinition inattendue du concept d'identité : l'identité s'assure mieux quand elle se pose comme multiple.
Enfin, c'est encore le mérite de cet essai que de nous dévoiler en quoi Sherlock est un adepte des théories freudiennes, exactement contemporaines. Ses entretiens empruntent beaucoup au protocole de la cure. Avec cette différence fondamentale que la schizophrénie y est "traitée" autrement : structure du roman policier victorien, elle devient la forme de l'identité contemporaine par excellence. L'identité ne peut être qu'intrigante.
À faire lire d'urgence aux éditeurs volontiers enfermés dans leurs manies, besogneux d'un bien écrire trop gorgé de son expérience et vidé de toute vraie expérimentation.

Citation

Sherlock appréhende très clairement le mystère à résoudre comme un produit esthétique.

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