Le travail de classification de l’OuBaPo, ou la mise en normes de l’excentricité - Côme Martin

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Résumés

Français

Officiellement créé en 1992, l’OuBaPo se caractérise dès la parution du premier de ses OuPus par la classification et la définition de ses procédés en une liste de contraintes, rigide et néanmoins évolutive (à l’instar de son aînée l’OuLiPo). Dans l’OuPus, Thierry Groensteen définit une taxonomie en deux branches principales, les contraintes génératrices et transformatrices, qui sert depuis à deux mouvements simultanés au sein de l’Ouvroir : d’une part, expérimenter avec les contraintes existantes pour produire de nouvelles œuvres, ou inventer de nouvelles contraintes qui puissent être classifiées à leur tour ; d’autre part – et de façon moins fréquente – intégrer au sein de la bibliothèque OuBaPienne des œuvres qui n’en font pas partie, soit parce que leurs auteurs ne sont pas membres de l’Ouvroir (Marc-Antoine Mathieu), soit parce que les œuvres ont été produites avant 1992 (Gustave Verbeek).

L’OuBaPo peut alors être considéré comme un appareil de classification et de formalisation d’un certain nombre de contraintes pouvant être considérées comme excentriques, qu’elles soient formelles, narratives ou esthétiques. Des œuvres qui se démarquent de formes et de récits plus conventionnels ne peuvent alors se penser hors d’un canon assez souple pour les intégrer, mais qui de fait rejette d’autres expérimentations comme la bande dessinée infranarrative. Par son travail, l’OuBaPo opère en outre une sélection historique de ce qui peut être considéré comme hors-norme dans la bande dessinée, occultant de fait de nombreuses excentricités non-OuBaPiennes et en intégrant d’autres de façon arbitraire.

Anglais

The OuBaPo, officially created in 1992, included in its very first work (OuPus 1) a classification and definition of its devices in a strict, yet evolutive, list of constraints (like its elder, the OuLiPo). In the OuPus, Thierry Groensteen defines a taxonomy in two main branches, generative and transformative constraints, which has generated two simultaneous movements within the Ouvroir: experimenting with existing constraints to produce new works or inventing new constraints that can be classified in turn; more rarely, including in the OuBaPo library works that are not part of the group, either because their authors are not members (Marc-Antoine Mathieu) or because the works were produced before 1992 (Gustave Verbeek).

One can thus consider the OuBaPo as a means to classify and formalize a number of constraints that may be considered eccentric, be they formal, narrative or aesthetic. As a consequence, works that distance themselves from more conventional stories and forms cannot be conceptualized outside of a canon flexible enough to include them, but which de facto rejects other experimentations, such as infranarrative comics. Besides, through its endeavor the OuBapo presents a historical selection of what can be considered atypical in comics, concealing several non-OuBaPian eccentricities and arbitrarily integrating others.

L'auteur

Français

Côme Martin est docteur en littérature contemporaine américaine ; il travaille sur les relations entre texte et image et sur les formes matérielles du livre, aussi bien en bande dessinée qu’au sein du roman. Il est membre associé du laboratoire GRENA (Groupe de Recherche sur le Neuvième Art) à Paris IV-Sorbonne et du groupe de recherche TIES (Texte, Image et Son) à Paris Est-Créteil.

Anglais

Côme Martin holds a PhD in American contemporary literature; his research focuses on the relations between text and image and on the material shapes of the book, in comics as well as novels. He is an associated member of the GRENA laboratory in Paris IV-Sorbonne and the TIES research group in Paris Est-Créteil.

Entrées d’index

Mots-clés : Abstraction, L’Association, bande dessinée, création sous contrainte, OuBaPo.

Keywords: Abstraction, L’Association, comics, constrained creation, OuBaPo.

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