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Résumés
Français :
Cet article se propose d’étudier la représentation particulièrement sensible des enfants dans deux récits autobiographiques contemporains (Maggie O’Farrell’s I Am, I Am, I Am et Sally Mann’s Hold Still), à la fois d’un point de vue visuel et textuel. Sally Mann (mettant en avant ses enfants, visuellement et textuellement) et Maggie O’Farrell (laissant ses enfants en retrait du récit, et spécifiquement sa plus jeune fille qui se révèle pourtant être la raison principale pour laquelle O’Farrell a écrit ce texte) font face à ce qui demeure probablement l’enjeu principal de toute autobiographie – la représentation de l’intimité – en utilisant des stratégies drastiquement opposées, du moins à première vue. Il n’est pas surprenant qu’une majorité de récits autobiographiques explorent les relations que l’auteur entretient ou a entretenu avec ses parents, alors que peu d’entre eux s’intéressent aux enfants. Pourtant les relations que nous avons avec nos propres enfants représentent l’une des expériences les plus intenses de notre vie, mais en parler dans un livre confine au tabou et exige beaucoup de subtilité et de précautions. Dans Personal Myths and the Making of the Self, Dan P. McAdams écrit que « la relation d’un enfant avec sa mère ou son père va probablement influencer le développement à long terme de la tonalité narrative de son mythe personnel » (35) mais l’inverse, bien que rarement exploré, est vrai : le type de relation que nous entretenons nos enfants aura aussi une influence majeure sur notre identité et sur nos actes d’auto-narration. C’est ce que nous allons voir à travers l’étude de ces deux récits.
Anglais :
This paper explores the highly sensitive representation of children in two contemporary memoirs (Maggie O’Farrell’s I Am, I Am, I Am and Sally Mann’s Hold Still), from a visual and textual perspective. Sally Mann (foregrounding her children, both visually and textually) and Maggie O’Farrell (backgrounding her children, and especially her daughter who turns out to be the main reason why O’Farrell wrote her memoir in the first place) come to grips with what remains the main stake of memoirs—the representation of intimacy—by using drastically opposed strategies, at least at first sight. It may not come as a surprise that a majority of memoirs and autobiographical accounts explore the authors’ relationships with their parents whereas few focus on children. And yet, relationships with one’s children represent one of the most emotionally-charged experiences one can have, but writing about them often verges on taboo and requires great subtlety. In Personal Myths and the Making of the Self, Dan P. McAdams wrote that “an infant’s relationship with mother and father is likely to influence the long-term development of a myth’s narrative tone” (35), but the opposite, though mostly unexplored, is true: our relationships with our children have a major influence on who we are and on our self-narratives as we will see through the analysis of these two memoirs.
DOI: http://dx.doi.org/10.21412/leaves_0814
Auteur
Français :
Arnaud Schmitt est professeur en études anglophones à l’Université de Bordeaux. Sa recherche se concentre sur la littérature américaine ainsi que sur les formes autobiographiques contemporaines. Il a récemment publié un ouvrage intitulé The Phenomenology of Autobiography: Making it Real (Routledge, 2017) et il est colauréat (avec Stefan Kjerkegaard, Aarhus University) du prix Hogan (2016) qui récompense un article remarquable publié dans a/b: Auto/Biography Studies.
Anglais :
Arnaud Schmitt is a professor at the University of Bordeaux. His field of research is American literature and also contemporary autobiographical forms. He has recently published a new book entitled The Phenomenology of Autobiography: Making it Real (Routledge, 2017) and is the co-recipient (with Stefan Kjerkegaard, Aarhus University) of the 2016 Hogan Prize for an outstanding essay published in a volume of a/b: Auto/Biography Studies.
Entrées d’index
Mots-clés : Autobiographie, intimité, représentation des enfants, texte et image, Maggie O’Farrell, Sally Mann
Keywords: Memoirs, privacy, representation of children, visual and textual narratives, Maggie O’Farrell, Sally Mann