Télécharger le PDF / Download as PDF
Résumés
Français :
Alors qu’elles subissent la déportation vers le Territoire Indien dans les années 1830, les nations indiennes dites « civilisées » du Sud-Est, qui avaient développé une forme de mimétisme stratégique pour résister contre la colonisation euro-américaine, semblent devenir les agents centraux d’un middle-ground sur lequel elles interagissent avec les Osages et les Comanches dans les Grandes Plaines. Si les dirigeants indiens du Sud-Est doivent renoncer au projet nationaliste qu’ils avaient contemplé à l’Est dans le cadre de leur résistance, ils reproduisent un arsenal institutionnel de formation de l’État dans l’Ouest, modelé d’après la structure des autres États américains. En s’appropriant les terres allouées par le gouvernement, ils font du Territoire Indien une extension économique, politique et culturelle de la république des États-Unis et deviennent, malgré eux, colonisateurs des populations amérindiennes de la région à qui appartiennent traditionnellement ces territoires. La poursuite d’une stratégie de résistance par l’acculturation place les nations émigrées dans une position ambigüe. Tout en réinventant de nouvelles formes de souveraineté dans le giron des États-Unis, elles adoptent vis-à-vis des Indiens des Plaines une diplomatie « civilisatrice » qui doit nous interroger sur le rôle joué par ces populations amérindiennes dans l’expansion états-unienne au milieu du XIXe siècle.
Anglais :
As they were forcibly relocated to Indian Territory in the 1830s, the southeastern “civilized” nations, that had developed what I contend to be a form of strategic mimesis to resist colonization, seem to have become central agents on a new native-to-native middle ground based on interactions with the Osages and the Comanches. While southeastern Indian leaders had to abandon the nationalist aim they had contemplated in the East, they reproduced a state-making institutional apparatus in the West, modeled after other federal states. In appropriating the lands allocated by the government, they turned the Indian Territory into an economic, political, and cultural extension of the American republic. In the process, they became, despite them, colonizers of the Native populations of the region, who were the original owners of the lands they settled. The pursuance of a strategy of resistance through acculturation put these emigrated nations in an ambivalent position. As they reinvented new forms of sovereignty in the bosom of Federal authority, they developed a “civilizing” diplomacy oriented towards the Plains Indians that must have us reflect on the active part those Indian populations took in American expansion in the middle of the 19th century.
Auteur
Français :
Augustin Habran est maître de conférences en histoire et civilisations des États-Unis à l’université d’Orléans, au sein du laboratoire Rémélice. Il est spécialiste en histoire du XIXe siècle et se concentre sur les études amérindiennes. Il étudie la relation entre l’État fédéral et les nations autochtones dans une approche ethno-historique, et son travail tente de mettre en lumière les stratégies de résistance développées par les communautés indiennes dans le cadre de la colonisation et de l’expansion américaine. Il travaille en ce moment à la publication d’un ouvrage issu de sa thèse de doctorat, intitulée « Les nations indiennes du Sud-Est des États-Unis (1815-1861) : identité, souveraineté et stratégie mimétique à l’épreuve du déplacement », soutenue en 2017.
Anglais :
Augustin HABRAN is an associate professor of American studies at the University of Orléans. He is a member of the research laboratory Rémélice. He specializes in 19th-century American History and focuses more specifically on Native American studies. In line with ethnohistory, he studies the relation between the Federal State and Indian nations and aims at highlighting the strategies of resistance developed by indigenous communities in the context of American colonization and expansion. He is currently working on a book adapted from his Ph.D. thesis defended in 2017 and entitled “The Southeastern Indian nations (1815-1861): identity, sovereignty and strategic mimesis through the ordeal of removal”.
Entrées d’index
Mots-clés : Nations indiennes du Sud-Est, Territoire Indien, déportation, déracinement, colonisation, mimétisme stratégique.
Key words: Southeastern Indian nations, Indian Territory, Indian Removal, uprooting, colonization, strategic mimesis.