Résumé
Français :
À Birmingham (Alabama), Dallas (Texas), Greensboro (Caroline du Nord) et Clinton (Tennessee), les sculptures érigées pour marquer quelques temps forts de la lutte pour les droits civiques partagent une même caractéristique, celle d’avoir été créées à partir de photographies prises en 1956, 1960 et 1963, sans pour autant être de fidèles reflets des images qui les ont inspirées. Cet article analyse le processus de remédiation qui conduit les scènes photographiées lors d’une marche de protestation, d’un sit-in, d’une séance de pose dans un bus ou d’un trajet pour se rendre à l’école, à devenir des monuments célébrant le courage et la détermination d’individus désormais considérés comme des héros. Si Rosa Parks demeure la plus célèbre d’entre eux, il n’en reste pas moins que cette remédiation offre une opportunité de sortir de l’oubli à d’autres figures importantes, telles que les Quatre de Greensboro ou les Douze de Clinton, et de les inscrire dans le paysage mémoriel du mouvement des droits civiques. Dans chacun des cas étudiés, ce que le processus de remédiation a permis de saisir, c’est le glissement symbolique opéré lorsque le lieu d’implantation du monument dans l’espace urbain se substitue à l’arrière-plan photographique.
Anglais :
In Birmingham, AL, Dallas, TX, Greensboro, NC, and Clinton, TN, sculptures erected to mark some of the major moments of the Civil Rights movement share one common point: they were based on photographs taken in 1956, 1960 and 1963, without being perfect replicas of the images from which they were created. How photographed scenes became monuments celebrating the courage and the determination of individuals lifted to the ranks of heroes is at the center of this article. Whether the original photograph was shot during a protest march or a walk to school, during a sit-in, or staged in a bus, the transformation from printed image to sculpture offers the opportunity for figures such as the Greensboro Four and the Clinton Twelve to rise from the relative obscurity that the long shadow of Rosa Parks has cast over the Movement, and for them to become a vital part of the Civil Rights memorial landscape. For each of the examples analyzed, the process of remediation permits the study of the symbolic shift that took place when the siting of the monument in the urban space replaced the background of the photograph.
DOI: http://dx.doi.org/10.21412/leaves_0705
Clés d’index
Mots-clés : les Douze de Clinton, les Quatre de Greensboro, les marcheurs de Birmingham, Rosa Parks,droits civiques, remédiation, monuments, photographie.
Keywords: Clinton Twelve, Greensboro Four, Birmingham Foot soldiers, Rosa Parks, Civil Rights, remediation, monuments, photography.
L’auteur
Français :
Véronique Ha Van est maître de conférences à l’Université Le Havre Normandie, et actuellement en délégation CNRS au LARCA-UMR 8225. Ses recherches se concentrent sur l’histoire des formes dans l’espace public aux États-Unis, notamment sur les questions de placement et de déplacement de la statuaire et les controverses qui les accompagnent. Son travail porte autant sur les collections du Capitole et du National Statuary Hall de Washington, DC, que sur les monuments aux Confédérés, mais aussi sur les œuvres de Danh Vo ou Carl Andre.
Anglais :
Véronique Ha Van is Associate Professor at the University of Le Havre Normandie and currently on research leave CNRS, LARCA-UMR 8225. Her research focuses on the history of forms in US public space, especially on questions of placement and displacement of statues and the controversies that surround them. She has written on the collections of the Washington Capitol and National Statuary Hall, and has more recently focused on Confederate monuments. The works of Danh Vo and Carl Andre form another essential aspect of her research.